J'ai couru 85km sur la Swiss Canyon trail
C’est l’objectif de l’année : COURIR MON PREMIER 80 km le 8 juin 2024
Même si j’avais déjà bouclé 77 km, 6 semaines avant il me restait à valider cette distance avec un peu plus de dénivelé
Me voici donc en Suisse ce 8 juin à 6h00 du matin pour prendre le départ de MA COURSE, la Swiss Canyon Trail
Le départ se fait sur une piste d’athlétisme avec 230 participants dont 38 femmes (seulement ! ça me désespère un peu mais c'est habituel !)
Je sais d’avance que je vais vite me retrouver derrière du peloton mais je n’étais pas seule j’étais accompagnée par mon binôme de course El Coach et ça va beaucoup m’aider tout du long !
L’obsession qui me hante (= pléonasme ! ) de ce départ c’est d’arriver au km 40 et 2300 de dénivelé positif avant la barrière horaire, ce qui est loin d’être gagné. Je me lance dans un stress de l’espace à vouloir grimper et courir ce gros morceau dans les temps et je ne suis pas la seule. Je me retrouve vite avec des copines de galère qui ont la même obsession qui les hante !
Donc j’avance, je double en descente et on me double en montée, ma vie sur trail ! Je fais la course sans bâtons contrairement à la majorité des participants c’est un choix. Je ne suis pas entrainée pour courir avec des bâtons, ils m'encombrent plus qu'autres choses.
Avec le petit groupe qui a le même rythme que moi on arrive enfin au ravito du km 40 et à la fameuse barrière horaire avec 30 min d’avance (pas si mal finalement) mais ça m’a bien séchée, j'ai tout donné comme si la fin de la course était arrivée alors qu'il me reste le double à courir encore !
Entre temps avec mes nouvelles copines qui sont au même rythme que moi sur la course, on s’est bien toutes un peu racontées nos vies sportives et parfois même personnelles. C’est assez drôle comment les galères communes rapprochent les gens 😂
Du coup je suis au courant de toutes les courses trails de Perrine qui a vécu à la Réunion quelques années et a participé a des courses dingues comme la Diagonale des Fous. A voir son palmarès on aurait que j'avais à faire à une nana de 60 balais mais pas du tout elle en avait 30 !!
Je connais aussi la galère qu’a connu l’année dernière l’italienne sur son maratrail du Verbier avec 3300 de D+ dans la caillasse qui l’ont écœurée. Et je suis aussi au courant du divorce réussi de Elgri ainsi que de ses lunettes de vue pour le trail super pratiques... qui coutent 500 francs suisses, puis de sa famille de sportifs et aussi de nos futures vacances qui semblent être au même endroit en octobre cette année !
Grace à son mari aussi je sais comment positionner mes pieds sur une descente abrupte et boueuse. Il y a aussi la parisienne qui m’a parlé récupération, des massages thaïlandais à Paris qui font mal sur le moment mais qui au final soulagent tellement. Elle pensait déjà à sa récup elle 😊 On était pas en plein tea time mais c'est long un ultra !
J’ai compris lorsqu’on m’a demandé si c’était mon premier 80 km, à leur tête, lorsque j’ ai répondu que j’en avais bouclé un, 6 semaines avant que je l'avais joué un peu short en terme de récup pour être présente avec elles sur cette course aussi. Sur le moment je n’ai pas trop réalisé car je voulais faire ces 2 courses. Au final j’apprends encore plein de choses sur ce sport. Apprendre à reconnaitre ce qui est bon pour toi et ce qui ne l’est pas prend du temps parfois. Il a fallu que je m'enlève cette idée (de l'enchainement des 2 grosses courses) vite de la tête car j’étais là à présent et il fallait avancer et aller au bout.
Concernant Les ravitos ils sont très très nombreux tous les 9/10 km : abricots secs, viande de grison, chocolat, tuc, pain, saucisson, coca…
Tous les 10 km j’ai une envie folle de coca et je bois un verre à chaque fois puis je rempli mes flasques d’eau avec ma boisson de l’effort HOLY code anamarun5 (si jamais :) )
Je mange aussi à chaque ravito car avant j’avais beaucoup de mal à m’alimenter pendant les courses mais ça c’était avant. Depuis que je sais que c’est vital pour survivre aux longues distances je mange je me force ! Je mange ce qui m'attire le plus sur les ravitos c'est souvent fruits secs, fromage, tuc. J'ai tout le temps sur moi des barres aussi au cas où je viendrai à manquer et il faudrait refuel le body. En général je mange toutes les heures.
Les postes de ravitos me servent de moment de détente et d’objectif intermédiaire, ça me fait avancer. D’ailleurs la question aux bénévoles c’est : c’est quand le prochain ravito ? comme si on était venu que pour manger
2300 de dénivelé sur une première partie de course qui en fait 3300 au total c’est une grosse claque on va pas se mentir pour la petite parisienne que je suis. Heureusement que j'ai eu quelques week-ends choc en montagne et une expérience du trail depuis 18 mois maintenant qui m'ont aidée.
On repart de ce fameux km 40 avec la bande organisée et on se dit que maintenant plus de stress la prochaine barrière horaire est super large car elle est calée sur le format de course au-dessus le 111km on a donc le temps de moins vivre la vida loca sur les sentiers comme des fous furieux. j'étais bien amochée déjà.
Km 45 il y a ce qu’on appelle une base de vie Il y a des toilettes ce qui est rare j’en profite je ne sais pas s’il y en aura au prochain ravito. Pour les hommes il y a moins de problème pour les femmes même si tu es en pleine nature parfois ça peut être compliqué de t’isoler pour faire tes affaires de filles. Et Je ne parle pas de ces courses où tu prends le départ en étant indisposée🤦♀️
Du coup enfermée aux toilettes, mon binôme El Coach ne me voit plus il pense que je ne me suis pas arrêtée que j’ai continué la course quelle idée ! Moi louper un ravito c'est mal me connaitre ! En vrai je l'ai déjà fait par le passé ...On se retrouve autour du buffet froid et chaud, Il y a des pâtes, des soupes… on est reçu comme des rois
On peut aussi se changer si on a laissé un sac au départ qui est ramené à la base de vie km 45.
Je cherche un endroit pour me changer et le bénévole me dit qu'il y a la remorque si besoin ...et bien go dans la remorque ahahaha. Je vous dis pas pour monter ça allait mais pour descendre de là dedans, avec les jambes qui tirent, raides comme la justice après 45 km c'était épique, mais personne ne m'a vue, l'honneur est sauf !
Je change de : chaussettes, brassière et tee-shirt trempés par la transpiration. Je repars sèche et ça fait du bien
J’ai oublié de dire qu’on nous annonçait des averses et des orages, à mi-parcours mais toujours rien à ce stade, on croise les doigts car la météo est top jusque là.
J’avance, soulagée, en me disant que plus rien ne peut m’arrêter à présent sauf si je me blesse chose tellement facile en trail finalement hein 😬
Je commence aussi à me projeter et me dire que je peux surement arriver avant 22h donc avant la nuit. 😀
Je n'ai pas une grande expérience des courses la nuit à part la Saintesprint (format de 25 km de la Saintelyon) et je ne suis pas très rassurée surtout que le terrain n'a rien à voir par rapport à celui de la Saintelyon, il est beaucoup plus technique sur la Swiss Canyon.
Puis BADABOUM ! C'est un sacrée bout de vie cet ultra. On ne maitrise pas tous. On lutte avec les armes du jour. Je commence à être dans le dur au km 70, j’ai du mal à manger et à boire. Je le sais que sans carburant je n'avancerai pas. Je n’arrive plus à me raisonner pour manger malgré tout, plus rien ne passe.
Je vois mes copines de galère partir sans moi. J’avance comme je peux. Les premiers coureurs du format 111 km me doublent et m’encouragent lorsqu’ils me voient à l’arrêt assise sur un tronc d’arbre.
Je sais que je vais finir il n’y a pas d’autres options, mais quand ? ça…je ne me prononce pas !
Les derniers 14 km sont interminables, les dernières descentes et montées sont super raides, la nuit tombe je sors ma frontale, il n'y a plus rien qui va, pour couronner le tout il commence à pleuvoir, je sors ma veste.
Le tableau s’assombrit drôlement ce n’est plus la même course mais j’avance.
J’entends enfin le speaker, on approche l’arrivée mais je sais que ça peut paraitre encore loin et effectivement il faut descendre de la forêt avec tous ces virages qui ne terminent jamais sous la pluie et dans la nuit. Ce n'est pas le meilleur moment de la course ni le meilleur moment de ma vie. C'est pourtant l'un des épisodes qui me revient le plus souvent à présent comme dépassement de soi, comme symbole de l'ultra.
Enfin, j'aperçois les lumières du stade de l’arrivée, puis la musique de Jean Jacques Goldman :" j’irai au bout de mes rêves" 🎵, je suis émue, mes yeux sous ma capuche et ma frontale se remplissent d’émotion. Il reste 300 mètres ça me semble long mais je cours et je franchis la ligne d’arrivée sous les applaudissements.
Un bénévole me tend une serviette en cadeau, il n'y a pas de médaille mais je ne suis pas de déçue je le savais déjà. J’aurai aimé en avoir une malgré tout pour marquer cet exploit du jour et l'aboutissement de plusieurs mois de prépa.
Je suis FINISHER et si ça ne s’est pas passé comme je l'aurai voulu , je suis quand même très heureuse d’être arrivée au bout de moi-même, au bout de ces 85 km et 3300 de d+ qu’il y a à peine 1 an me semblaient inaccessibles.
Je réalise que le corps est capable de beaucoup de choses si on l'y amène progressivement et intelligemment. J'ai un accompagnement top pour cela, comprendre ce que l'on fait est important pour avancer. Merci El Coach de supporter mes innombrables doutes, questionnement, et de tempérer mes envies du toujours plus !! Merci de m'épauler, de me redonner confiance en moi et de m'accompagner vers ces objectifs qui me paraissaient inabordables jusqu'à présent. Y'avait du taffe 😂 !!!
Ce dont je suis le plus fière est d'avoir été au bout de cette course bien sûr mais c'est surtout d'avoir pu encaisser une prépa exigeante avec un volume de km et de dénivelé important sans me blesser (= trauma d'un arrêt forcé de 6 mois de sport en 2022) !
il y a eu des mois à plus de 300 km, il fallait les encaisser. ça a été un hiver difficile et morose sous la pluie qu'il a fallu supporter, s'enfermer en forêt tous les dimanches matin pour monter descendre des côtes pendant des heures. Ce n'était pas toujours simple et même si l'envie, le plaisir et la motivation ont souvent été de la partie il y a eu aussi des week-ends sans et c'est normal.
J’ai beaucoup appris de cette aventure ce qui va me servir pour la suite j'en suis certaine.
Je prends mon temps pour arriver à mes objectifs depuis mes débuts en trail il y 2 ans. J'ai besoin de me rassurer et de me sentir prête. Le but est aussi d'habituer mon corps à ce volume d'entrainement et ces distances de course en prenant du plaisir.
Mais une chose est sure, à mon rythme, j’y vais :
Objectif 2023 : Distance Maratrail
- Istria (Croatie) 42 km 1000 D+ (avril)
- Mozart (Autriche) 40 km 1500 D+ (juin)
Objectif 2024: Distance 80 km
- NTMF (France + Belgique) 77 km 1800 D+ (avril)
- Swiss Canyon Trail T(Suisse) 85 km 3300 D+ (juin)
Objectif 2025 ?
On verra mais j'ai déjà ma petite idée