J'ai couru le marathon de Paris 2021 !
J'avais dis après mon abandon sur le marathon de Paris 2017, plus jamais Paris.
J'avais dit aussi après le marathon de Rotterdam 2019, plus jamais de marathon !
Puis plus tard beaucoup plus tard, on digère la souffrance d'un marathon, puis la déception d'un abandon (ne jamais abandonner c'est pire que tout ! Quitte à finir en rampant :) ) On apprend de ses échecs et un jour de 2021 on se sent prête pour aller chercher sa revanche sur un marathon et tant qu'a faire celui de Paris histoire de se mettre encore plus la pression.
De toutes façons que ce soit clair un marathon c'est difficile pour tout le monde.
L'Ultra marin bouclé le 4 juillet, je m'inscris dans la foulée au marathon de Paris.
A force d'enchaîner les prépas je manque de temps entre chaque objectif pour avoir le bon nombre de semaines de prépa. Je démarre un peu trop juste pour laisser le corps récupéré des 57km qu'il vient de se taper dans le Morbihan.
Première difficulté pour moi : Je commence la prépa en plein été, de plus sur un mois d'août en Espagne en plein cagnard et seule (et moi j'aime courir accompagnée)
Premier exploit : j'arrive à m'entrainer alone sous la chaleur et sans être embarquée complètement par l'ambiance farniente glandouille familiale. Bon j'avoue parfois les allures objectifs n'y sont pas et je suis passée de 4 séances par semaine à 3 histoire de ne pas frôler le ras le bol ou l’écœurement pendant mes vacances. Étonnamment je garde un super souvenir de ces séances sous 28 degrés, j'ai adoré sortir de ma zone de confort et de me retrouver face à moi même.
La prépa se déroule non sans mal, je vous passe les détails car j'ai pas mal partagé cela sur insta.
Bim bam boum, me voici le 17 octobre 2021 sous l'arche de départ du marathon de Paris à un horaire improbable : 11h30, presque l'heure de passer à table mais je mange quand moi ? On sait pas, on ne sait plus, je suis un peu perdue entre le repas manqué et les ravitos à prévoir pendant la course. Tout le sas rose de 4h30 se pose la question !
J'opte pour un petit dèj au réveil à 7h et un gatosport vers 10h, un peu tard d'ailleurs je l'ai senti sur les premiers km.
On a qu'a courir plus vite sinon !! on serait pas les derniers à partir :)
Avec ma binôme on décide de partir ensemble mais ensuite chacune gère sa course selon sa forme et ses sensation on ne s'attend pas.
Mon objectif est de m'approcher des 4h30 je pars donc sur une allure 6'20 que j'aimerai tenir tout du long.
Évidement au départ tu as la pêche, évidement tu déballes les Champs Élysée (faux plat descendant) ça donne trop envie de courir vite et de crier "je cours un marathon sur la plus belle ville du monde !! " mais tu n'en fais rien, tu ranges ton frein poulette car t'as 42 bornes et tu connais l'histoire.
Un soleil de dingue, température idéal je sais pas laquelle mais c'était parfait comme ça.
Vite je me retrouve avec la meneuse d'allure et son drapeau 4h30 je me dis : Aller on la colle, elle va un peu plus vite car elle prend en compte les quelques secondes de pauses ravito tous les 5 km.
Je la suis quand même car même si j'ai tout le solide sur moi faudra bien que je m’arrête pour l'eau.
Je discute avec elle, et j'apprends que chaque meneur d'allure du marathon représente une région de la France (petit aparté sympa)
Je suis trop contente d'être là je cours avec le smile sur la rue de Rivoli, Place Vendôme, Opéra, Bastille...
Je dois penser à manger c'est un de mes gros problèmes quand je cours je me dépense mais je ne recharge pas les batteries alors là j'ai prévu toutes les heures : pain d'épice, un gel, une pâte de fruit.
Dès le premier gel j'ai vite compris que l’alimentation sur marathon resterait un problème.
Habituellement je n'arrive pas à manger, j'oublie même, ce jour là je m'étais vraiment formatée pour ne pas oublier mais ça ne passait pas pour autant.
Je retente toutes les heures quand même je garde mon gel dans la main que j'avale péniblement pendant des plombes.
KM18 - gros coup de mou, quoi déjà ? Je sais qu'il est normal d'être fatiguée, je cours, je sollicite mon corps, je puise dans mes ressources même après seulement 18 km , mais ça ne peut pas être le mur déjà ?
J'essaie de ne pas m'écouter car avec la prépa que j'ai faite, c'est juste impossible d'être déjà dans le dur. Souvent en insistant le corps repart alors je croise les doigts.
Sincèrement, ensuite je ne sais pas ce qui s'est passé et ce pendant 5 km. ça ne devait pas être la joie et mon âme a quitté mon corps je pense ahahahh ! Je ne vois pas d'autres explications je ne me souviens plus de rien pendant ce laps de temps.
Km 23 mon corps et mon âme ont refait la paix, j'étais légère et j'ai retrouvé le smile, mais punaise je réalise que je suis à Paris en fait #happygirl
Je me cogne les ponts, les descentes et les montées, ceux qui me traumatisaient tellement après mon abandon en 2017 et je les passe tous comme une fleur, genre je suis bien moi sur ce petit dénivelé parisien.
je vous explique pas dans quelle euphorie je me trouve avec de telles sensations, je vole enfin j'en ai l'impression et c'est le principal.
Je me suis résignée à réduire l'allure un peu pour profiter de ma course car c'est MA course !
Je vois un bout de la tour Eiffel Bim je me mets à pleurer trop émotive à ce moment là ! J'aime beaucoup Paris j'y suis née c'est ma ville et elle est de toute beauté
La tour Eiffel donc ... ça veut dire aussi que le km 30 approche les gars, et bim je le passe ce maudit km, et je suis toujours dans ma bulle shootée à l'endorphine.
J'ai la musique du coup depuis le km 18, je m'ambiance, je chante même oui oui ! Qu'est ce que je suis bien, rien que pour ce moment ça valait le coup de revenir sur ce marathon, même sans connaitre la suite.
km31...32..33 le voilà le mur !! Il est là ! Qui croyait y échapper, moi peut être ? Oui un peu secrètement j'avoue..
Ce mur de 450089 mètres de haut tombe pendant cette montée de la rue je sais plus quoi qui cassent bien les les pattes à ce niveau du marathon. Il parait que j'ai manqué de renfo et de quelques séances de côtes ... j'apprends, j’apprends, tous les jours.
Un marathon est toujours une expérience de laquelle on apprend beaucoup sur soi.
Alors là je marche. Impossible de courir sur cette côte.
Mon allure chute évidement, je m’accroche à un nouvel objectif, j'ai laissé le 4h30 de côté depuis un bon moment, en vrai un petit 4h45 m'irait bien aussi :)
km 35 je vois ma famille ça fait plaisir ils hurlent ça fait du bien, allez-y hurlez même si je vous réponds à peine, j'entends et je me réjouis intérieurement. Voir des visages connus quand ton esprit commencent à sombrer du coté obscur c'est une résurrection ! Je remarche puis je recours, j'alterne c'est la merde.
Et là va savoir pourquoi dans le dur, je me dis qu'il faut que je me lance sur un prochain marathon, Londres l'ambiance est top et le parcours roulant il faut que je reparte sur une prépa dès 2022 pour corriger les petites choses qui ne vont pas sur celui que je suis entrain de courir.
2ème victoire : envisager de s'inscrire sur un marathon en plein marathon malgré la souffrance, l'effort toussa toussa !
On entre dans la bois de Boulogne où je faisais mes cours d'EPS au collège et dans lequel je me cachais derrière les arbres pour éviter de faire le tour du lac en courant ahahah !! Ces beaux souvenirs !
km39 - Je revois ma famille, mes filles ne viennent pas me rejoindre mais pourquoi !??? Alors que ma plus grande m'avait dit qu'elle ferait la fin avec moi j'étais super déçue. Quand tu es dans le dur toute aide extérieure est la bienvenue et la moindre contrariété peut aussi te dévaster.
Finalement fausse alerte elles débarquent en courant essoufflées à mon niveau en me disant "Mais tu cours vite, on a eu du mal à te rattraper". Ba non non je ne cours pas du tout vite mais j'aimerais bien.
Elles me parlent, elles sont fraîches, ça m'occupe l'esprit, c'est sympa, je réalise qu'elles ont grandi (14 et 18 ans). Maintenant elles peuvent m'accompagner sur un bout de marathon. Plus tard elles me diront que c'était compliqué de me parler car je les calculais pas, ah ah ah. Alors que moi je buvais leurs paroles en fait. C'est drôle la perception de chacun.
km40-41 Ma grande me demande si je veux qu'elle me pousse je lui réponds non merci ça va aller et le monsieur à côté répond "Moi je veux bien !"
On en peut plus de ce marathon faut que ça s'arrête !
Ma petite me dit "oh mais attend il y a des barques sur le lac c'est sympa, oh mais regarde il y le jardin d’acclimatation on pourrait y aller" Elles étaient fraîches je vous dis !
Elles s'amusent à encourager les gens sur le dernier km, il y a comme un air de joie et d'euphorie de fin de course qui soufflent sur ce dernier km. Mon smile est revenu (enfin je crois mais peut être que de l'extérieur il ne se voyait pas ). C'est fou tout à coup il n'y a plus de mur, quel mur ? Ton corps est le même pourtant et tu viens de courir 41 km, ta forme ne s'est pas arrangée et pourtant tu es heureuse, tu vas finir un marathon, le marathon de PARIS !
Je vois l'arche d'arrivée, j'accélère ma fille filme et hurle des encouragements, une belle ambiance sur ces derniers mètres, des supporters qui crient , moi des frissons sur tout le corps me dirigeant vers cette fin de marathon avec mes 2 filles près de moi, elles passent l'arche avec moi ! Ce bonheur. Elle devront quitter le sas ensuite pour la remise des tee shirt finisher et des médailles.
On foule le tapis vert de l'arrivée, je fini ce dernier km à 6'10 du kilo comme quoi c’était possible, j'aurai pu me réveiller avant !
Entre temps j'ai oublié mon objectif de chrono je voulais juste finir et avoir ma revanche sur Paris
Mission accomplie ! Je suis finisher !
En 4h55. Il y a encore du travail mais le plaisir a répondu présent et sur marathon ça faisait longtemps qu'il s'était fait la malle alors je savoure et je repars sur Paris 2022 !!
Pour le bonheur de courir à Paris encore et encore, pour réajuster certaines choses dans la prépa et améliorer l'expérience, pour l'amour de la course à pied tout simplement !