Face à l'échec sportif,  on en sortirait plus fort parait-il ... Récit de Virgine

Cela vous est-il déjà arrivé de "rater" une course et d'en sortir complètement démoralisé au point de vouloir abandonner ce sport ? C'est le récit de Virginie...

Et il me parle beaucoup ce récit à moi en tout cas. Cela me rappelle mon abandon au marathon de Paris 2017. D'ailleurs ne me parlez plus jamais de ce marathon, dans une ville que j'adore pourtant...

Beaucoup de sportifs passent par cette expérience qui au final aide à se relever et nous apprend tellement sur nous ...

Virginie :

"Dimanche 22 octobre 2017, j’ai rendez-vous pour le semi-marathon de Bois Guillaume. C’est une distance à laquelle je suis habituée, et ma 2ème participation à cette course. L’année précédente, j’ai essuyé un mini échec : j’ étais venue chercher un RP, j’avais finalement fini à 4 minutes de mon objectif avec de très mauvaises sensations. J’ai donc décidé de rempiler pour prendre ma revanche.

Le jour de la course, je ne suis clairement pas très motivée. J’ai eu une grosse semaine de boulot, avec un salon pro de 7h à 2h du matin 2 jours auparavant, je suis fatiguée, je suis ronchon… J’attends presque le dernier moment pour me rendre sur le lieu du départ. Arrivée là bas, catastrophe, j’ai oublié mon dossard ! Un aller-retour en urgence à la maison, retour au départ, je saute la barrière du sas fermé au moment où le départ est donné. Pas le temps de se concentrer ou de réfléchir, il faut y aller.

Le parcours fait 2 boucles avec beaucoup de faux-plats, de montées et de raidillons qui cassent les pattes, de petites descentes raides… Je le sais, je les anticipe. Je pars sur le bon rythme, mais les sensations sont horribles. Mentalement, je n’y suis pas. A peine au KM6, je n’arrive plus à tenir le rythme. La moindre montée de 20m est un enfer, mes cuisses brûlent, mon cardio s’emballe et ne descend pas. Au KM8, je sais que mon RP est foutu, que le simple fait de finir sera un miracle. Je commence à m’énerver. J’ai suivi une prépa de 8 semaines, la plus intense que j’ai pu suivre depuis mes débuts et j’ai l’impression d’avoir bossé pour rien. J’en ai juste marre, je veux que ça s’arrête. Lorsque j’aperçois l’arche de mi-parcours au loin, je lâche. Je me mets sur le côté, je marche, j’enlève mon dossard et je me mets à pleurer. Je suis au KM9.

Mes parents étaient venus m’encourager, ils me récupèrent et je m’effondre. De retour chez moi, impossible de m’en remettre, je dis à mon chéri que je suis nulle, que j’ai bossé pour rien, que je ferais mieux d’arrêter la course, que je n’arriverais jamais à rien… Lui, fan de sport, me rappelle que tous les champions ont des bas et que tous ont connu l’échec :Usain Bolt et son faux départ, Paula Radcliffe et son abandon au Marathon de Londres au KM35 … Et qu’on ne peut pas savoir comment s’améliorer si on ne se plante jamais.

Le lendemain, je suis toujours déçue mais j’ai déjà les idées plus claires. Je réalise que je n’avais pas du tout envie de faire cette course. La fatigue, la lassitude, l’oubli du dossard… Tout ça, c’était des signes de mon cerveau pour réclamer du repos, je suis passée outre et mon corps m’a rappelée à l’ordre. Alors je prends 3 jours de repos et j’en profite pour surfer sur internet et lire des histoires inspirantes de champions qui ont aussi raté des objectifs bien plus grands que les miens. Je tombe également sur un podcast d’une émission de philo « Qui vive ? » sur Europe 1 qui parle des vertus de l’échec. J’en retire pleins de petites choses pour changer ma vision de mon échec, pour dédramatiser. Après tout, je peux toujours courir, je ne jouais pas ma vie sur ce semi, ni ma carrière. Je suis même finalement satisfaite d’avoir abandonné et de ne pas avoir pris le risque de me blesser…

Une semaine après cet échec, je reprends l’entrainement. Cette semaine de repos a été bénéfique, mes allures sur fractionnés sont meilleures, la motivation est revenue. 4 semaines après mon abandon, je participe au semi-marathon de Boulogne Billancourt. J’y réalise même mon RP, 2h00m24s !"

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