J'ai couru les 57 km de l'Ultra Marin 2021
Après une blessure à la hanche qui est à peine resorbée je pars sur ma prépa le 1er avril 2021. J'ai 3 mois de prépa.
Objectif du 4 juillet : 57 km de l'Ultra Marin du Morbihan (il existe aussi les distances 34km, 100km et 177km)
Tout s'enchaîne en 3 mois, j'ai à peine le temps de caser toutes les sorties longues prévues, je ne ferai jamais celle de 4h par exemple. Quand c'est le moment d’intégrer cette sortie extra longue et nécessaire début juin j'arrive au stade de la prépa où il faut redescendre en intensité pour être prête le jour J. Il m'aura manqué 1 ou 2 semaines. Moi qui suis un peu psychorigide sur les prépas c'est resté une petite contrariété dans un coin de ma tête.
Mais je tiens à y aller de façon progressive, sans trauma pour le corps car je ne veux pas me blesser et je veux arriver intacte sous l'arche de départ (et d’arrivée tant qu'à faire) !
J'étais partie pour un run solo de 57 bornes sur cette course, en m'inscrivant dans mon coin, frustrée par cette année blanche en course officielle. Mais la date de la course est reportée d'une semaine et du coup ça permet à ma binôme de se prendre un dossard sur la bourse des dossards grace aux désistements. J'avoue je me sens plus rassurée de ne pas la faire seule.
Honnêtement après l'avoir vécue je peux dire que ce n'est pas le genre de course que j’aurai apprécié courir seule.
Nous voici donc samedi 4 juillet 17h à Sarzeau dans le SAS des départs avec Jam, le soleil qui se pointe, Bienvenu à lui !
Avec Jam on est déjà pas d'accord ! Elle veut tout donner au départ en écoutant ses sensations et ensuite se débrouiller avec l'énergie restante et moi je veux plutôt gérer le début pour en garder sous le pied et ne pas me cramer. L'histoire de notre vie on est jamais d'accord sur rien ah ah ah mais on s'en sort toujours bien toutes les 2 !
On part dans l'inconnu nous n'avions jamais été au-delà de la distance marathon.
Hormis la distance qui pour nous était inconnue, ce qui a été un sacré challenge aura été aussi l'organisation de nos sacs avec le matériel obligatoire ainsi que notre ravito car peu de solide était prévu sur le parcours.
Finalement on part sans se décider sur la stratégie à adopter mais je la freine pas mal car effectivement ça donne envie de partir vite en début de course.
Au km3 gros bouchon ! on est complètement à l'arrêt, ça freine nos ardeurs. Des barrières qu'il faut contourner font aussi entonnoir plus loin, c'est un peu frustrant je préférais faire une pause un peu plus tard car là j'étais plutôt fraiche !
Et ça dure cette histoire...On repart je ne saurai dire au bout de combien de temps. Ce seront les seuls blocages.
On court ensuite à 6'30 du kilo, Jam me dit "aller trace faut rattraper le retard"
Secrètement je m'étais fixée de finir sous les 8h. Jam est un peu là pour me soutenir car elle se sert de cette course comme prépa pour son Half Marathon des Sables de septembre. Elle restera à mon rythme et à mes cotés tout du long même quand je râle ! Elle est habituée :) Ça c'est de la bonne binôme !
Km15 Ravito : On recharge nos flasques d'eau, niveau alimentation on a ce qu'il faut sur nous. Jam en profite pour aller aux toilettes d'ailleurs je suis un ovni je n'irai pas aux toilettes de toute la course, même moi je me surprends avec tout ce que j'ai bu ( presque 3 litres) !
On retrouve quelques personnes croisées pendant la course ça discute et on repart
Je suis agréablement surprise le terrain est archi plat, c'est tout de même très diffèrent du bitume car il faut constamment restée vigilantes et regarder par terre pour ne pas faire de vol plané sur un cailloux ou une racine mais sinon pas de difficulté.
Km20 Les km défilent je n'ose pas regarder ma montre je me sens déjà un peu fatiguée. En même temps on est pas sous le plaid hein forcément ça fatigue de s'agiter.
Entre notre rythme, les 2 bouchons du départ et la pause au ravito on passe au semi en 2h40, petit coup au moral car je me voyais en forme jusque là. Je pense à la suite et je me dis que la cadence ne peut pas être plus rapide ensuite.
Km30 Ravito / on mange des Tucs, la base en trail :) ça contient surtout un peu de sel et ça fait pas de mal, vu toute ce qu'on perd avec la transpi. C'est important les tucs, ça a sauvé ma binôme, je vous dirais plus tard pourquoi :)
C'est le dernier ravito solide,mais pas de soucis j'ai un sandwich à la viande de grison dans mon sac moi, je suis parée !
Gros coup de mou, mais j'ai le droit à l’appel à une amie ! Jam a pris un peu les devants mais je sais qu'elle m'attendra plus loin.
J'appelle une copine qui m'avait dit qu'elle se rendrait dispo au km 30 du "mur" (du marathon) et ça a bien marché, 30 min de blabla et de soutien pendant lesquels je me suis à peine rendue compte que je trottinais.
Je commence à me dire que je pourrai marcher de temps en temps, alors je profite des moindres faux plats montants pour marcher et repartir ensuite. Puis je retrouve Jam...
On rentre en forêt on ne longe plus la mer, on ne doit pas être loin mais on ne la voit plus. Je sens que Jam en a sous le pied et moi je traîne la patte.
Km 42 On passe la marathon en 5h50, je vois l'objectif de moins de 8h s'éloigner.
A ce moment je sais qu'on ira jusqu'au bout malgré tout.
Dernier point d'eau, on s’arrête. J'ai toujours peur de manquer d'eau si je ne prends pas le temps de remplir mes flasques à bloc.
J'en profite pour regarder où en sont les pansements siliconés que j'ai mis sous ma brassière pour éviter les blessures dues aux frottements. En fait je sens un picotement et en vérifiant effectivement avec la transpi les pansements n'ont pas tenu. J'avais prévu des Compeed j'en place 2 sur cette fameuse ligne qui s'est formée à force de frottement pendant les sorties longues en entraînements.
Je repars et je croise les doigts pour qu'ils tiennent (et ils feront bien le job !)
Le nuit tombe, on se rapproche de nouveau du bord de mer, le vent se lève un peu et il commence à pleuvoir, une pluie fine. On décide de s'arrêter pour se changer, sortir la veste de pluie et la frontale. Jam se dessape en forêt elle change toutes ses épaisseurs carrément !
J'ai mis ma veste de pluie mais finalement il faisait chaud, alors je l'ai enroulée autour de la taille puis elle tombait , moment de bonheur là . On traverse des petits passages de sables, on monte et on descend quelques escaliers. La vue doit être belle mais on ne voit plus rien, fallait courir plus vite ! Là il fait nuit !
On est loin d’être seules on est pas mal entourées pour l'instant encore. T'as toujours peur de te retrouver seule et de te perdre dans ce genre de course longue, mais ça n'est jamais le cas et c'est très bien balisé.
Mon rythme a diminué à ce moment, je sais que je vais finir mais je ne sais pas quand ! Un jour haha!
On s'arrête, Jam a un truc qui lui fait mal dans le sac à dos, elle déballe tout son sac. J'en profite pour sortir mon sandwich car il faut manger parait-il . Franchement je n'ai pas du tout envie de manger ! Mais bon ... en plus le casse dalle est super sec, j'ai du mal à déglutir, mon corps essaie de survivre là, il peut pas tout faire !
On repart, c'est la pleine nuit et j'ai de plus en plus de mal à courir j'alterne marche/course.
On passe devant un bar et Jam s'arrête pour demander de l'eau , normal :) Je la vois tranquille au comptoir entrain d'attendre qu'on lui remplisse ses flasques. C'est pas comme si on était sur une course ah ah ah et on repart !
Je galère pas mal ensuite pourtant il ne reste que 7 ou 8 km on est dans le noir on arrive quand même à doubler quelques personnes.
Je ne vous ai pas parlé des coureurs du 177km qu'on double sur le parcours et qu'on encourage au passage. On les reconnait à leur démarche car plus aucun ne court, ce sont des zombies. Les courageux avancent tant bien que mal. Certains répondent à nos encouragements d'autres n'en ont plus la force et comme je les comprends. ils courent depuis la veille vendredi 19h00 et il est 19h00 samedi !
Km 55 Dans la nuit tout à coup on voit des lumières de ville au loin, je n'ose plus regarder ma montre de peur de me décourager puis une voix de speaker surgit, comme c'est bon signe ça. On contourne le port de Vannes enfin on voit l'arche d’arrivée depuis l'autre coté de la rive
On accélère, franchement je pensais être à 5 du kilo j'ai vu ensuite que j'étais à 7 !!!
On passe l'arche d'arrivée vers 1 h15 du matin main dans la main
On a fini ! En 8h12
On récupère notre tee shirt finisher, notre plat de salade de pâtes et notre dessert. Toujours pas envie de manger , plutôt envie d'une bonne douche chaude et d'un lit
Jam fait un malaise à l'arrivée, se couche même par terre, merci la couverture de survie ! Un coureur qui passe lui dit que c'est le contre coup de la course, de l'effort, quelle manque de sel et lui donne son paquet de tucs ! Trop sympa, elle revit, se retape, se relève, tout va bien. Les Tuc c'est magique !
Pour les questions que j'ai eu sur mon compte insta @anama_run :
- Niveau alimentation, je ne suis pas un exemple car je perds tout appétit en courant et je ne mange pas suffisamment d’où certains gros coups de mou. On apprend de ses expériences !
J'ai du boire 3 litres d'eau avec un peu de boisson isotonique sur certaines flasques, 2 barres difficilement avalées et pas entièrement, la moitié d'un sandwich de viande de grison, quelques carrés de pâtes fruitées et des tucs au ravito.
- Niveau prévention blessure : Les pansements Compeed ont bien fait le job sous ma brassière et ont tenu, je n'ai pas eu de blessure
Par contre j'en ai eu a de nouveaux endroits : au niveau des bretelles de la brassière à cause du poids inhabituel de mon sac hydratation et au niveau de ma ceinture car j'y avais mon portable (il faisait parti du matériel obligatoire)
J'ai badigeonné mes pieds de crème anti frottement, c'était concluant car je n'ai pas eu d'ampoule.
Mais je m'en suis sortie avec un ongle noir à un orteil. J'ai pensé qu'il se sauverait mais non il est tombé 3 mois après, une première pour moi. On apprend tous les jours...
- Niveau entraî;nement j'ai fait une prépa qui ressemble à une prépa marathon avec des sorties plus longues allant de 2h à 3h30 il m'a manqué du temps pour faire un peu plus long.
Le rythme : 4 séances de run + 1 séance de renfo par semaine
L'envie de refaire cette course pour faire mieux est bien là
Je suis contente de l'avoir courue et d’être finisher sans m'être blessée ni à l'entrainement ni pendant la course. C'est un beau parcours, une superbe orga malgré toutes les contraintes des mesures sanitaires et la reprise récente des courses officielles. C'était top de partager ce moment avec ma binôme, quelle idée j'avais eu au début de m'y inscrire seule !
Mais pour ne rien vous cacher je suis un peu déçue du chrono finale. J'aimerai revenir avec cette première expérience maintenant je sais ce que c'est de courir 57 km, j'aimerai gérer mieux l'entraînement, et la course ... me préparer un peu plus sur des chemins de trails.
Je n'ai pas dit mon dernier mot et cette course aura été une belle expérience, et surtout une approche du monte de l'ultra-trail qui me fait de l’œil depuis longtemps.
Un jour 100 km...